Patrimoine

Le Château

L’agréable construction que l’on découvre aujourd’hui au milieu de son parc constitue le terme d’une longue évolution. Au début du XIIIème siècle, c’est une modeste demeure seigneuriale habitée par des hommes d’armes ou des chevaliers qui tous, assumaient un service de garde au Mont Aimé, forteresse des comtes de Champagne. Les noms de certains d’entre eux nous sont parvenus : Simon de Mont Aygu, Berouas d’Aties, Miletus de Ville en Selve, Hues d’Aties en 1274, puis une Demoiselle Comtesse d’Aties ; et d’autres dont l’énumération serait trop longue. En 1502, Guillaume Godet acheta la terre d’Athis à Thomas des Abbés ; sa descendance devait la conserver jusqu’à ce que Christophe le Boucherat la vendit en 1665 à Pierre Lallemant de Lettrée.

Il faut s’imaginer le Château d’alors comme une maison forte cernant de trois côtés une cour carrée aux angles de laquelle se trouvaient quatre pavillons défensifs. On y accédait après avoir traversé deux enceintes de fossés, la basse-cour (la cour de ferme actuelle) et franchi un pont-levis. La maison fut « ardée » vers 1598 puis reconstruite en 1603, la deuxième enceinte et le pont-levis furent alors supprimés. Le corps central ne sera bâti qu’en 1669.

En 1707, à la suite d’une mauvaise gestion de sa charge de Grand Maître des eaux et forêts au département d’Orléans, Monsieur de Lettrée dût vendre tous ses biens. Le nouveau propriétaire, Jean-François de Cappy, Seigneur d’Oiry, était conducteur général de la Cavalerie Légère dans les armées de Louis XIV. En 1712, il recevait à Athis celui dont le père avait été évincé du trône d’Angleterre, Jacques III Stuart accompagné de sa cour, réception fastueuse au cours de laquelle furent bues « cent soixante et douze bouteilles de vin ». Il mourut quatre ans plus tard laissant son second fils François hériter d’Athis. Ce dernier nota dans son livre de raison qu’il a perdu « le meilleur des pères ». François de Cappy poursuit une carrière d’officier. Il reste dans les archives du Château le souvenir du différend profond qui l’opposa au Curé d’alors, l’Abbé Drouet, qui après avoir perdu le procès contre son seigneur, eut finalement raison de lui puisque sa simple vue le fit trépasser en présence de l’Evêque de Châlons, Monseigneur de Choiseul. Lui succéda son fils, également officier, aimé de la population, qui fut le premier Maire d’Athis avant de connaitre les prisons révolutionnaires de Châlons dont il fut libéré peu de temps avant sa mort.

C’est au XIXème siècle que la propriété prit son aspect actuel : on abattit les ailes, combla les fossés. Un architecte paysagiste, Monsieur d’Arbeaumont dessina un parc à l’anglaise avec entrée et grille donnant directement dans le village. L’intérieur et particulièrement le rez-de-chaussée subissent d’importantes transformations. En 1848, Monsieur de la Tullaye épousa Antoinette Bruneteau de Sainte-Suzanne dont il eut trois enfants. Quand il mourut en 1894, il laissât le souvenir d’un saint homme qui paillait à l’absence de médecin en soignant les malades du village par les herbes et l’homéopathie. Son petit-fils, le Comte Bernard de Beaulaincourt, officier de carrière devait trouver la mort en Belgique au cours des premiers combats de la première guerre mondiale.

Leur descendante, Guillemette Brunet de la Charie épousa en 1928 François Machet qui très vite sut prendre sa place dans le village. Choisi comme Président de la Confrérie de Saint Eloi, il le resta quarante ans puis quand survint à nouveau la guerre, il s’occupa des jeunes en créant des équipes de basket qui connurent un certain succès. Quand le gouvernement d’alors institua une épreuve d’éducation physique en complément du certificat d’études, il la prit en charge. Dès 1942, il commença à prendre des responsabilités dans la résistance. L’équipe qu’il recruta, à deux exceptions près, venait des autres villages pour essayer de pallier aux rafles. D’ailleurs, beaucoup d’hommes étaient prisonniers. En octobre 1944, la gestapo vint l’arrêter. Le jardinier du château parvint à le prévenir : il fut un temps agent de liaison à Paris avant d’être muté à l’état-major de Granval, responsable de la région Est. Il l’accompagna lorsqu’il fut nommé gouverneur de la Sarre. La paix revenue, il fonda la première société de Chasse du village dont il garda la présidence trente ans. En 1976, sur son impulsion, elle devint une association communale de Chasse. Sa femme prit sa part des risques que prenait son mari : ainsi reçut-on au château deux pilotes américains. Femme d’une énergie indomptable, elle fut d’un dévouement sans limite à l’église.

L’église Saint Rémi

L’église primitive, incendiée par les Normands, fut reconstruite par l’Archevêque de Reims Foulques (882-900). Cependant la partie la plus ancienne de l’édifice remonte au début du XIIème siècle : c’est la base (rez-de-chaussée et premier étage) de la tour-porche où l’on note des voûtes d’ogives rudimentaires à gros boudins.

Au second étage, le clocher proprement dit, percé de baies en plein cintre ébrasées sous arc de décharge, est datable des années 1140-1150. Un toit en bâtière et un clocheton moderne coiffent le tout. Nef à trois travées voûtées d’ogives (vers 1170).

Le clocher contient trois cloches, les deux premières installées en 1826 et la troisième, la plus grave, en 1827. La plus petite est baptisée Marie Joseph Albertine, elle pèse 576 kg et donne le Fa. La moyenne pèse 766 kg et se nomme Louise Félicité, elle donne le Ré. La plus grosse de 1 100 kg, Elisabeth Marie Bernadette, donne le Do. Ces cloches sont sonnées au pied par des bénévoles pour les cérémonies de baptême, mariage et obsèques. Le tintement de l’Angélus se fait électriquement

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Les bas-côtés, le transept et le chœur ont été reconstruits vers 1860 en style néogothique. Le chemin de croix en bronze date de cette époque. Une Vierge à l’Enfant du XIVème siècle est située au-dessus de la porte de la sacristie. La stèle est datée de 1546.

Le Moulin à vent

Les anciens baux parlent d’eux-mêmes :

Bail du 21 Septembre 1779 :

Nous soussignés Messire Gilles, Jean, François, Denis de Cappy, Chevalier, Seigneur d’Athis, Bussyle Château, la Cheppe et Cupperly, Chevalier de l’ordre Royal et Militaire de Saint Louis, ancien Capitaine du Régiment Royal Champagne Cavalerie demeurant au Château d’Athis d’une pat et Jean Louis Ferton, meunier actuel du moulin à eau [….] pris et retenu à titre de loyer et pris d’argent de mondit Seigneur son moulin à vent situé au dit Athis, Ban de Champagne faisant de bled farine dont la tour de craie bâtie solidement est réparée à neuf, dont le ceintre, l’arbre, tour, les entrebuts, volants, scionts sont mis à neuf de bois de chêne ; les rouets, lanternes, gros fers, meules, la poitrine, couverture en tavillon, et autres ustensiles quelconques sont en aussi bon état qu’il puisse y en avoir dans aucun moulin [….] moyennant la somme de 150 livres renonçant par les présentes à la cave situé sous le moulin que notre Seigneur bailleur se réserve expressément.

Bail du 09 Mars 1718 :

[…] François de Cappy, escuyer, Seigneur Chastelain d’Athis, Capitaine de Cavalerie dans les régiments du Roy […] reconnaît avoir donné à titre de loyer pour de longues années et par bail emphytéotique le dit moulin à vent à Rémy et Roch Viret, tisserands, demeurant audit Athis moyennant la somme de 40 livres, à la charge par les dits preneurs d’entretenir le dit moulin, [….] s’obligent aussi de donner deux chapons vifs en plumes à l’eschéance de chaque année avec un gâteau à chaque veille des Roys […] enfoy de quoy nous l’avons signé et les dits Remy et Roch Viret ayant déclaré ne savoir escrire ny signer en présence de Messire Joseph Adrien Cuniet, Curé de cette Paroisse et d’Augustin Scotia, escuyer, avocat au Parlement, demeurant au dit Athis, ils les ont prié de signer pour eux.

Il semble que le moulin à vent se soit toujours loué bien moins cher que le moulin à eau, que son entretien en ait été lourd et sa rentabilité incertaine puis que plusieurs meuniers le quittent après deux ou trois ans d’occupation. Ces difficultés firent que les propriétaires ont cherché une solution dans la location conjointe de deux moulins.